Chapitre 5 : Ignorance (suite)
Son baiser fut bref, sans équivoque. Il refusait d’aller plus loin. C’était déjà assez loin pour lui. Cependant, malgré la courte durée de ce baiser, j’en restai figée. Ce petit moment m’avait paralysée. Je fixais Rob, sans rien dire. Il restait tête baissée, les yeux fermés. Nous restâmes ainsi pendant un long moment. Moi qui le fixait, lui tête baissée tel un martyr qui venait de commettre une faute impardonnable. Finalement, il s’éloigna. Il me tournait le dos.
Rob : Je crois qu’il vaudrait mieux que tu t’en ailles.
Moi (revenant peu à peu sur terre) : Je comprends maintenant pourquoi tu disais qu’on ne pourrait jamais être amis.
Il ne me répliqua rien. Je décidai d’aller vers lui. Je me postai face à lui et posai une main sur son épaule. Il recula instantanément.
Moi : Je ne veux pas qu’on s’éloigne…
Il leva des yeux attristés vers moi.
Rob : Que veux-tu ? J’ai tout essayé ! Je refusai catégoriquement de te dévoiler mes sentiments alors j’avais le choix entre deux solutions : la première, rester amis comme si de rien était mais ça n’a pas marché parce que tu t’es doutée de quelque chose, ce que je ne voulais absolument pas alors j’ai opté pour la suivante : couper les ponts. Le problème c’est que ça t’a rendue malheureuse autant que moi, ce que je désirais encore moins ! Je n’ai réussi aucune de mes options ou alors, je l’ai fais contre ma volonté.
C’était la chose la plus longue qu’il ne m’avait jamais dite de la semaine. Je ne savais pas quoi répondre si ce n’est ce que je pensais.
Moi : De toute façon, j’ai refusé la seconde solution. Je ne veux pas qu’on se sépare parce qu’on est déjà trop proche.
Rob : Dans ce cas là, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse !?
Moi : Je te conseille de reconsidérer la première option. C’est si difficile pour toi d’être ami avec moi maintenant que je sais ?!
Rob : Non !
Moi : Alors, dis-moi pourquoi on ne peut pas rester seulement amis. Qu’est-ce qui ne va pas ?
Je me rapprochai pour lui prendre la main, le rassurer mais il s’écarta à nouveau.
Moi : Arrête de t’éloigner parce que ce n’est pas ce que tu veux. Explique-moi ce que je dois faire pour qu’on puisse être proche comme avant !
Rob : Tu n’as pas écouté un traitre mot de ce que je t’ai dit. On ne sera plus jamais proche comme avant…
Moi : Je me moque de ça, tu as tort. Tout ce que je veux, c’est que tu m’expliques !
Rob : Mais t’expliquer quoi ?
Moi : Ce que tu ressens ! Je veux que tu me dises la vérité sur tes sentiments.
Rob : Tu sais déjà tout.
Moi : Non je ne sais rien. Tu ne m’as rien dit. Pour moi, la parole et l’acte sont deux choses différentes. Qu’est-ce que ça te fait que je sois là ?
Rob : Tu veux savoir la vérité ? Ce que je ressens envers toi ?
Moi : Oui !
Rob : Très bien.
Il prit une profonde inspiration. J’attendais patiemment.
Rob : C’est arrivé dès la première fois que je t’ai vue. Au départ, je pensais que ce n’était qu’un flash rien de plus, que ça allait passer mais je me suis menti. C’était bien plus que ça. C’était un véritable coup de foudre et rien que le fait que tu me prennes la main ou que tu me dises quelque chose à l’oreille me rendait dingue ! Tu n’imagines pas comme c’est dur de rester sans rien tenter près de quelqu’un qui te fait un tel effet. Je pensais réellement que ça me passerait, je souhaitais que ça me passe. Sauf que ça a empiré. Tu sais, quand on tournait notre première séquence de la « scène du baiser », j’avais l’air calme et confiant mais au fond, j’étais une véritable tempête. À tout moment j’aurais pu perdre le contrôle uniquement parce que tu me touchais. J’ai arrêté de me voiler la face. Tu m’as pris mon cœur sans que je te l’aie donné. Tu as emprisonné mon âme parce que je te l’aie offerte sur un plateau d’argent. Tout mon cœur et toute mon âme t’appartiennent désormais et le pire, c’est que c’est ce que je désire le plus. La vérité la voilà : je suis amoureux de toi et je ne l’ai pas décidé.
J’étais paralysée. Que répondre à ça ? Il s’était tu, attendant une réponse de ma part. A l’intérieur de moi, mon cœur battait à cent à l’heure… Je m’approchai de lui, mon visage à cinq centimètres du sien.
Moi : Je…
Rob (me mettant un doigt sur la bouche) : Non, tais-toi. Ne dis pas une chose que tu vas regretter. Je ne l’ai pas fait alors abstiens-toi.
Je ne pouvais rien faire. Mon cœur battait de plus en plus vite et me faisait mal. Il fallait que ça s’arrête tout de suite. Je retirai sa main de ma bouche et l’embrassait. A l’instant même où mes lèvres touchèrent les siennes, mon cœur s’arrêta. Un baiser long et désespérément amoureux. Je fus électrisée par son contact. Je l’attrapai par la nuque et pris ses cheveux fermement. Il m’enlaça par la taille. Ni lui ni moi ne pouvions lutter contre nos émotions. Une sensation glacée me traversa. Je refusais de le lâcher. Nos souffles s’entremêlèrent. Tout ce dont j’avais envie, c’était de rester près lui. J’avais désespérément besoin de lui et il avait besoin de moi alors pourquoi se priver ? Comme s’il avait lu dans mes pensées, il détacha mon visage du sien sans relâcher notre étreinte pour autant, haletant.
Rob (à mon oreille) : Il faut vraiment que tu partes avant que je ne fasse une bêtise.
Moi (haletante) : Alors, nous avons la même idée en tête.
Rob : Non. On ne doit pas…
Moi (à son oreille) : Je sais.
Je savais que la pensée qui m’avait traversée l’esprit était mal mais j’y avais tout de même songé. Lui aussi apparemment. Je l’embrassais longuement sur la joue puis me détachai définitivement de lui. Je devais résister à la tentation. Sans lui jeter un regard, je me dirigeai vers la sortie. Dans mon dos, je sentis son regard tendre me fixer. Je pris l’ascenseur sans me retourner en entendant sa porte se refermer derrière moi. Je descendis à la réception et partis sans même jeter un œil à la petite brunette. Je pouvais encore sentir son souffle mêlé au mien et le goût délicat de ses lèvres dont je n’avais su identifier la nature. Je rentrai à mon hôtel des images plein la tête et des rêves plein les yeux…